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Publié par Roland Fardeau

Mon premier voilier

Avec son premier voilier de croisière, on n’a qu’un seul but : faire monter de l’horizon le port ou l’île que nous avons prévu d’atteindre et poser l’ancre au fond de la baie que nos rêves ont mille fois imaginés pendant la traversée. Un jour dans ma jeunesse, avec mes petites économies, j’ai acheté un voilier, non pas pour faire des ronds dans l’eau mais pour me préparer à ma première grande traversée. A bord de mon beau voilier, un milord, je découvrais l’enfer, la souffrance, la peine et on m’a juré que c’était normal. Quelqu’un a dit que la voile c’est un judicieux mélange de masochiste qui se concentre sur la douleur pour finir en extase. Après 3 mois de préparation au chantier du port à Nantes, j’embarquais à bord épuisé mais heureux. Dés les premières navigations entre Pornic et Belle île, j’étais libre. Le rêve est devenu réalité. Je rentrais dans les ports à la godille. J’utilisais ma gonio pour faire un point sur la carte. Je dormais dans le carré avec un sceau au dessus de ma tête pour éviter la goutte d’eau rebelle qui s’infiltrait dans mon duvet. J’embarquais des copines que je ne revoyais jamais. Maudit mal de mer. Mes navigations ne m’emmenaient pas bien loin mais un jour je passerais le Cap Horn pour avoir le droit de pisser au vent. L’eau continuait à s’infiltrer entre les lattes du pont. Un désastre. Pourtant, en toutes saisons, je ne me suis jamais découragé. Mes premières connaissances de la navigation au large étaient quasi-nulles. Je voulais apprendre par moi-même. Sans prendre de risque, je m’aventurais de plus en plus loin plutôt en ligne droite par beau temps jusqu’à Bénodet. Mon ami Patrick Diquelou, un ancien de la marine et de la pêche, qui vivait dans un petit phare de Ste Marine et élevait des Terres neuves, m’avait donné quelques recommandations de navigation au large. Comme disait Damien « Nous sommes tous dingues. Il faut être inconscients pour qualifier cette navigation de plaisance ». J’ai avalé beaucoup de couleuvres sur ce bateau. Un jour, au large de La Rochelle de nuit, une cadène s’est arrachée. Le mât jouait du tango avec les vagues. A mon retour au port sous gréement de fortune, à mon grand désespoir, je découvrais que le pont était vermoulu. Le rêve a failli prendre fin. Mais il en faut d'autre pour décourager un amoureux de la mer. 

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N
Y a t il la suite du récit quelque part?
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